Lorsqu’on parle de Scrum, les gens imaginent souvent : le cadre et ses rôles, les artefacts et les événements. Les règles Scrum sont assez simples et elles sont décrites en détail dans le Guide Scrum. De toute évidence, Scrum est attrayant en raison de ses avantages potentiels (valeur, rapidité, etc.).
On rencontre souvent des managers (souvent non informatiques) qui ont lu le célèbre livre de Jeff Sutherland, « Scrum: The Art of Doing Twice the Work in Half the Time », et qui sont impatients de mettre en œuvre Scrum et d’obtenir les avantages promis. Il leur semble qu’une fois les rôles définis et la formation de terminée, tout est réglé. Malheureusement, ce n’est pas tout à fait comme ça ni même pas proche de la situation actuelle.
Il est vrai que Scrum promet des avantages : valeur, livraisons, vélocité etc. Mais ce n’est pas tout. Cela a aussi et surtout des effets sur :
- La liberté accordée aux équipes
- Le travail d’équipe
- Le contrôle
- Les organigrammes
Examinons les deux premiers éléments de cette liste. Un autre article traitera des deux derniers ultérieurement.
La liberté accordée aux équipes
Les principales caractéristiques de Scrum sont la liberté et la créativité, qui permettent de rompre avec les liens du management scientifique, qui dit (en caricaturant un peu) que chaque employé est paresseux par nature et que, par conséquent, les performances ne peuvent être augmentées que par la normalisation obligatoire des outils de travail, des méthodes et environnement. C’est de là que viennent les silos fonctionnels.
L’équipe Scrum est une unité auto-organisée et auto-gérée qui, idéalement, devrait pouvoir prendre des décisions indépendantes concernant le plus grand nombre de tâches possible. Voici quelques exemples:
- Comment faire le travail: conception, architecture, modélisation, planification, outils, etc
- Configuration de l’équipe: l’équipe de développement décide qui la rejoint ou qui la quitte avec le PO
- Coordination: les équipes inter-fonctionnelles sont libres de prendre leurs propres décisions concernant les interactions internes et externes.
- Dans le paradigme Scrum, le Product Owner est considéré comme un mini-PDG (pensez à Steve Jobs) qui est responsable du retour sur investissement, prenant des décisions indépendantes, façonnant la vision du produit, définissant le modèle de valeur métier et responsable de son optimisation.
Le fait que l’équipe est auto-organisée va compléter sa pluri-disciplinarité. En effet, on se rappelle que l’équipe doit posséder collectivement toutes les compétences nécessaires pour délivrer l’incrément. Pour rappel, cela ne signifie pas que chaque personne doit avoir toutes les compétences (codage backend, frontend, tests, déploiement, achitecture, sécurité, design, contenu, etc), mais plutôt que l’équipe ne dépend d’aucune compétence extérieure pour délivrer l’incrément. Il peut arriver que lors d’un sprint, une spécialité extérieure à l’équipe est nécessaire (exemple: un expert en Internet des objets). Dans ce cas, cet expert pourra interagir ponctuellement avec l’équipe pour l’aider à délivrer l’incrément de produit à temps.
Le travail d’équipe
Voici ce que le travail d’équipe signifie dans Scrum:
- Succès ou échec commun
- Aucune hiérarchie formelle dans l’équipe. Rappel du guide: « Scrum ne reconnaît aucun titre aux membres de l’équipe de développement, indépendamment du travail effectué par une personne »
- Pas d’équipes dans l’équipe
- Aide mutuelle active: on sort du schéma « Je suis un développeur Java et ma seule tâche consiste à écrire du code Java ». La tâche principale de chaque membre de l’équipe de développement consiste à aider l’équipe au maximum pour qu’elle puisse déplacer le « ballon » aussi loin que possible (d’où le terme Scrum)
- L’ensemble de l’équipe est responsable du résultat
La question à se poser à ce stade serait : « A quel point la structure organisationnelle de mon entreprise et le système d’évaluation des performances / de gestion des bonus supportent ces valeurs? »
Dans un prochain article, nous examinerons les changements que Scrum apporte dans les deux autres domaines:
- Le contrôle
- Les organigrammes